Mon intervention lors de la remise du rapport du Collectif Alerte

Ce 26 juin 2023, j’ai accueilli au Sénat le Collectif Alerte pour la remise de son rapport sur l’urgence sociale de la question climatique. Le Collectif Alerte est un lieu de réflexion et d’échanges inter associatifs sur la pauvreté et l’exclusion et les meilleurs moyens de les combattre. Il réunit aujourd’hui 34 fédérations et associations nationales de solidarité, engagées dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Vous pouvez consulter le texte de mon intervention.

Mesdames les Présidentes, Messieurs les Présidents,
Madame la Déléguée interministérielle,
Madame la Secrétaire générale,
Chers amis,

Je suis très heureux d’avoir pu mettre à disposition les services du Sénat pour organiser la remise du rapport du Collectif Alerte sur l’urgence sociale de la question climatique.

Les changements climatiques sont une réalité que nous vivons chaque jour. Hier encore, les températures excessives nous rappellent l’urgence d’agir à toutes les échelles de l’action publique.

La planification écologique peine à se mettre en place. À l’aune de mon mandat qui se termine cette année, je peux vous avouer ma profonde inquiétude sur la lenteur du gouvernement à prendre à bras le corps la transition écologique.

Ce n’est pas faute de rapports, de thèses, d’ouvrages étayés démontrant l’étendue de notre inaction climatique. Nous avons toute la connaissance du problème pour enclencher de vrais changements. Le projet de loi Climat & Résilience a été un premier pas mais l’application est difficile et sans cesse ralentie par des lobbies rétifs et peu enclins à la régulation.

Par ailleurs, l’angle social est bien souvent occulté par les politiques publiques proposées. L’écologie est pourtant une question sociale de premier plan et j’espère que cette conférence de presse participera à cette prise de conscience nécessaire des décideurs.

Le Pacte vert européen doit être l’occasion de nouer un nouveau contrat social et écologique à l’heure où l’inflation et la flambée des coûts de l’énergie aggravent la pauvreté. Le 22 mai dernier, Elisabeth BORNE annonçait vouloir rendre « équitable » la transition écologique. Plus récemment encore, lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, le Président de la République a appelé à un choc de financement publique en faveur de la lutte contre les inégalités. Comme à son habitude, notre Président apparaît comme un grand keynésien à l’international mais se garde au plan national d’avoir la même ambition.

J’ai pourtant défendu durant ce mandat des actions simples à mettre en place pour renforcer nos politiques de solidarité pour affronter les inégalités : instauration d’un ISF climatique, l’éco-conditionnalité des aides, des dispositifs de TVA réduites pour soutenir les citoyens les plus en difficulté.

À chaque fois, le gouvernement a balayé ces amendements avec de arguments dilatoires sur la stratégie des petits pas. Et je ne suis même pas sûr que le dernier rapport de Jean PISANI-FERRY prônant la mise en place de telles mesures ne soit pris en compte par ce gouvernement. Ce dernier demeure malheureusement et outrageusement sourd lorsqu’il s’agit de se donner les moyens d’une transition solidaire. Le mot lui-même « solidaire » a d’ailleurs disparu de la titulature du ministère de l’écologie. Je ne crois pas au hasard dans ce domaine.

Nous le savons, les classes aisées polluent plus mais contribuent bien moins que les plus pauvres. Transports, logement, emploi, alimentation, accès aux soins, aux services publics, aux prestations sociales tous les domaines de l’action publique sont concernés pour assurer une transition de justice. Il est impérieux de remédier à ces inégalités de fait en recréant des solidarités et en sortant de l’inaction en la matière.

La planification doit se doter de son volet solidaire pour assurer sa pérennité et sa viabilité sur le long terme car le changement impactera de plein fouet ceux qui ne peuvent faire face à de nouvelles contraintes. L’État doit à nouveau prendre conscience que l’individualisme n’est que « le masque philosophique de l’égoïsme ». Le ruissellement est une vue de l’esprit.

Sachons renouer avec le Préambule de la Constitution de 1946 : « La nation garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

Je suis intimement persuadé que la réussite de la transition passera par la prise en compte de l’enjeu social et c’est la raison pour laquelle je remercie vivement le Collectif Alerte pour son rapport qui, je l’espère, saura réveiller nos politiques publiques de solidarité et renouer avec ce vers de Victor Hugo : « Rien est solitaire, tout est solidaire ».

Vous assurez un travail essentiel pour maintenir le lien social et la solidarité sur l’ensemble du territoire. Je le vois bien en Maine-et-Loire. Votre dévouement et votre action sont décisives pour bon nombre de nos concitoyens privés d’emploi, privés de perspectives et de conditions nécessaires à leur épanouissement et à leur émancipation. C’est un devoir de vous accueillir ici pour faire valoir la voix des plus humbles de notre société et que j’ai essayé également de défendre sur ses bancs.

Je vous remercie.

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