Retraites, non à une « réforme » injuste !

En ce jour de mobilisation contre le projet de « réforme » des retraites du gouvernement, je participerai au rassemblement organisé à Angers afin de dénoncer un projet injustifié et injuste qui ne peut que conduire à une régression sociale généralisée. Contre l’avis des organisations syndicales, et malgré l’opposition des Français, le Gouvernement s’obstine à reculer l’âge légal de la retraite à 64 ans.

Cette réforme ne me semble en effet pas justifiée.

Alors que le gouvernement porte un argument d’un déficit de nos régimes de retraite de 13,5 milliards d’euros en 2030, il faut rappeler que cela ne représenterait que moins d’un point de PIB et que d’autres recettes pourraient être mobilisées. Actuellement notre système de retraite est même excédentaire !

Comme le gouvernement l’a explicitement indiqué dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023, cette réforme du financement des retraites sert à compenser les baisses d’impôt majoritairement destinées aux grandes entreprises qui, elles, représentent l’équivalent de 8,5% de PIB (205 milliards €).

Cette question des recettes ne doit pas être un tabou, des solutions financières « non douloureuses » existent : revenir sur les exonérations de cotisations employeurs inutiles et coûteuses, soumettre à des cotisations retraite l’épargne salariale ou augmenter légèrement les cotisations retraite.

Les vraies questions qu’il faut se poser sont les suivantes : quel modèle de société voulons-nous ? Quel partage des richesses ? Quel modèle social ? Quel progrès social ?

Par ailleurs cette « réforme » est injuste !

Elle frappera massivement celles et ceux qui pourraient justifier de toutes leurs annuités nécessaires à 62 ou 63 ans mais qui devront continuer de travailler une voire deux années supplémentaires. Ce recul de l’âge légal de la retraite va accentuer les inégalités entre les Français : 25 % des hommes ayant les plus faibles revenus sont déjà morts à l’âge de 62 ans ; avec l’âge légal repoussé à 64 ans, ce sont environ 30 % des plus pauvres qui seront déjà morts.

Le gouvernement continue de refuser de réintégrer les critères de pénibilité qu’il a retirés en 2017 du Compte professionnel de prévention, privant ainsi des millions de salariés de points nécessaires pour partir plus tôt. Pourtant, plus de 13 millions de salariés sont exposés à des facteurs de pénibilité et plus de 100 000 partent plus tôt chaque année pour cause d’incapacité ou d’inaptitude.

Cette réforme ne permet pas d’éviter un choc de précarité pour les seniors. Entre 55 et 64 ans, seulement 56 % des Français travaillent, faute notamment d’emplois proposés. Cette réforme va faire basculer dans la précarité des demandeurs d’emploi seniors qui vont devoir attendre deux ans de plus pour faire valoir leurs droits à la retraite. Conjuguée à la réforme de l’assurance chômage, ces seniors vont voir leur durée d’indemnisation chômage être rabotée de 25 %.

Les efforts demandés, au fil des réformes, sont supérieurs au gain d’espérance de vie. Ainsi, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), pour toutes les personnes nées entre 1950 et 1975, « les gains d’espérance de vie seraient entièrement consacrés à allonger la durée d’activité après 60 ans », et par conséquent « la durée de retraite de ces générations diminuerait en conséquence. Ce constat est particulièrement vrai pour les femmes pour qui l’espérance de vie à 60 ans progresserait moins que pour les hommes ».

Avec mes collègues du groupe socialiste, écologiste et républicain du Sénat, nous combattrons ce projet injuste qui va pénaliser en priorité celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt.

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