Après quinze jours de débats menés au pas de course par un Gouvernement pressé d’en finir, avec mes collègues sénateurs socialistes, écologistes et républicains, nous avons dû nous résigner à voter contre un projet de loi qui ne permettra ni à notre pays d’être en mesure de respecter les engagements climatiques de l’accord de Paris, ni d’associer l’action climatique nationale à une plus grande justice sociale. Pourtant, nous avons été la première force de propositions du Sénat en déposant des centaines d’amendements visant à donner à ce texte l’ampleur qu’il aurait dû avoir et surtout, à ne pas trahir les propositions de la Convention citoyenne pour le climat.
Ce véritable rendez-vous manqué du Gouvernement a finalement été conforté par la frilosité de la droite sénatoriale, sur la question de la transition écologique et du nouveau modèle économique et social, structurellement durable, qui doit en résulter.
Ce projet de loi aurait dû nous conduire vers des mutations profondes de nos modes de consommation, de déplacement et de production. Il aurait dû faciliter l’action de transformation des entreprises et porter davantage de transparence dans les financements, publics et privés, de leurs engagements climatiques.
En somme, il aurait dû créer une dynamique pour une grande mobilisation collective, donnant de nouvelles opportunités à tous, tant aux personnes qui sont les plus éloignées de l’emploi qu’aux jeunes générations.
Or, la question de l’emploi et des reconversions, l’accompagnement social vers les grandes transformations à mener dans le transport, le logement ou l’industrie restent les grands absents du débat.
Le texte ne propose aucune mesure de planification des transitions, ni de gouvernance territoriale de nos « objectifs climat », qui sont aussi les clefs de la résilience et notre réussite collective.
Aucune perspective non plus pour associer les citoyens aux mutations à venir et solliciter leur adhésion. L’expérience de la convention citoyenne ne doit pas rester au bord du chemin mais, au contraire, elle doit continuer de prendre sa place dans un double objectif de solidarité nationale et d’appropriation des enjeux climatiques.
Malheureusement, ni la droite sénatoriale ni le gouvernement ne semblent avoir perçu l’urgence de la situation et la responsabilité qui nous incombe. Le GIEC annonçait pourtant il y a encore quelques jours que « le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et de nos petits-enfants ».
Nous proposions pourtant des mesures efficaces pour enclencher la grande transformation sociale et écologique que les Français attendent. Nous n’avons plus le temps d’attendre et la France a un rôle déterminant à jouer comme elle a pu le démontrer lors du précédent quinquennat.
Refusant un texte d’affichage, absolument pas à la hauteur de ce que les citoyens étaient en droit d’espérer pour un avenir effectivement durable et socialement plus juste, nous avons voté contre ce projet de loi.
Lors des prises de parole pour les explications de vote, je me suis exprimé en ce sens à la tribune du Sénat en qualité de chef de file de notre groupe sur ce texte. Vous pouvez consulter la vidéo de mon intervention.