Dans son édition d’avril 2019, « la revue du trombinoscope » a publié une tribune que j’ai rédigée sur le thème de l’économie circulaire intitulée : « le réemploi : un enjeu social-écologique de premier plan. Vous pouvez trouver ci-après le texte de cette tribune.
LE RÉEMPLOI : UN ENJEU SOCIALÉCOLOGIQUE DE PREMIER PLAN
Ex vice-président de l’Agglomération d’Angers-Loire Métropole en charge de la gestion des déchets et ex maire des Ponts-de-Cé, aujourd’hui sénateur, membre de la commission du Développement durable, je suis convaincu du fait que le déchet doit devenir une ressource sans pour autant en faire une marchandise anodine, car le meilleur des déchets est d’abord celui que l’on ne produit pas.
Nous vivons une transformation profonde de notre perception du déchet. Cette mue s’opère peu à peu dans la société et les élus territoriaux, au titre de leur compétence en matière de gestion de déchets, sont en première ligne pour mettre en place une économie circulaire vertueuse.
« Ce qu’il y a de plus important à étudier dans la société ce sont les tas d’ordures » disait au début du siècle dernier le sociologue Marcel Mauss, dans le sens où les décharges renferment ce que l’homme ne veut pas voir de sa propre consommation, de cette surconsommation d’emballages que nous imposent les metteurs en marché. S’interroger sur nos déchets et leur gestion n’est jamais neutre car cela pose la question systémique de nos comportements les plus quotidiens, entre autres : l’acte d’achat.
C’est la raison pour laquelle le réemploi constitue de mon point de vue une des pistes les plus percutantes pour éviter l’enfouissement et faire de nos déchets autre chose que du simple combustible. Identifié par la Feuille de route pour l’économie circulaire (FREC) comme un des leviers pour accélérer la transition, le recours au réemploi et à la réparation – qui relevait du bon sens pour nos aînés – doit redevenir naturel et attractif pour le consommateur du XXIème siècle.
On trouve quelques traces de cet objectif dans l’avant-projet de loi dédié, au travers de la création d’un indice de réparabilité des produits via un étiquetage ad hoc. Toutefois, les mesures prévues apparaissent bien en deçà des espérances suggérées par la FREC elle-même, mais également dérisoires à l’aune des enjeux économiques et sociaux du réemploi : rien sur la lutte contre l’obsolescence programmée, rien sur la mise en place d’un véritable droit à réparer, rien sur une TVA minimale à 5,5 % pour les produits issus du réemploi que j’avais tenté de faire adopter lors de l’examen de la dernière loi de finances, en vain.
Nous ne sommes donc pas prêts de voir reculer ce réflexe pavlovien d’acheter neuf au lieu de réparer qui mènera, à terme, à un désastre écologique et social. Alors que les recycleries et les ateliers de réparation fleurissent sur nos territoires et notamment dans le Maine-et-Loire, et puisque la demande sociale est là, il est crucial de créer un écosystème favorable à l’économie du réemploi qui est tout à la fois vertueuse pour l’environnement et pour l’emploi.
D’autant plus que le secteur est en très forte croissance. En trois ans, on compte environ 20 % de structures nouvelles dont l’activité principale est le réemploi ou la réutilisation de produits, note l’Ademe dans son Panorama de la deuxième vie des produits en France. En 2017, le secteur de l’économie sociale et solidaire du réemploi représente plus de 20 000 emplois à temps plein non délocalisables, 370 millions de chiffre d’affaires et 210 000 tonnes de biens vendus ou donnés.
La vitalité de cette filière démontre que nous détenons un potentiel atout industriel qu’il faut encourager. Un peu d’ambition politique pourrait placer la France en pointe sur cette filière de la réparation et, dans le même temps,
lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Je continuerai donc dans mon travail parlementaire à porter haut cet objectif réalisable et novateur pour le développement de nos territoires.