A l’issue des deux semaines de débats sur le projet de loi d’orientation des mobilités, j’ai choisi, comme mes collègues du groupe socialiste et républicain du Sénat, de m’abstenir lors du vote en première lecture ce 2 avril 2019. Le texte à son arrivée au Sénat, paraissait peu ambitieux, ne suscitant ni soutien massif ni opposition dogmatique.
La Haute Assemblée, en commission comme en séance a su corriger en partie d’importants manques, particulièrement en matière de financements. Ainsi, la sanctuarisation des ressources de l’Afift (agence de financement des infrastructures de transport de France) avec l’affectation de l’intégralité du produit de la hausse de la TICPE, est à saluer. L’introduction de nouveaux moyens de financement pour les collectivités est aussi pertinente.
Le Conseil d’orientation des infrastructures est pérennisé dans la loi, avec pour mission d’assurer le suivi des programmations financières des investissements. Nous regrettons que nos propositions de financement (grand emprunt et vignette poids lourds) n’aient pas été adoptées.
Le groupe socialiste avec ses chefs de file, Claude Bérit-Débat, Martine Filleul, Michel Dagbert, Jean-Michel Houllegatte et Olivier Jacquin, a fait des propositions utiles à l’amélioration du texte.
Ont notamment été adoptés en séance des amendements visant à développer une politique ambitieuse du transport fluvial, grand oublié du texte, à mieux prendre en compte des territoires ultramarins et à proposer une meilleure utilisation des données par les autorités organisatrices de mobilité régionales et métropolitaines. Enfin, la création d’un numéro unique d’appel national pour la réservation et l’accompagnement des personnes à besoins spécifiques dans le transport ferroviaire a été adoptée.
Sur le volet social du texte, le groupe socialiste s’est réjoui d’avancées sensibles en séance, comme ce fut le cas pour la suppression de la charte pour les travailleurs des plateformes numériques qui n’instaurait qu’un code du travail low-cost sans réelles garanties.
Toutefois, l’adoption d’un amendement remettant en cause le droit de grève a détruit l’équilibre trouvé. Il en est de même de l’amendement réduisant la participation des employeurs de 50% sous couvert de favoriser le télétravail mais qui a pour conséquence de priver de recette l’autorité organisatrice des mobilités.
Face à ces derniers reculs, inacceptables, nous ne pouvions pas soutenir ce texte.