Service national obligatoire : la fin du volontariat c’est affaiblir la culture de l’engagement

Le Président de la République a encore confirmé sa volonté de mettre en place un service national obligatoire en évoquant un trimestre minimum pour chaque jeune. L’engagement et l’apprentissage de la citoyenneté doivent être au cœur du projet républicain et donc être encouragés auprès des jeunes de notre pays. Pour autant, si les jeunes Français aspirent à s’engager librement, ils ne demandent pas un encasernement contraint.

Loin d’améliorer la valeur de l’engagement, la proposition d’un service national obligatoire affaiblirait en réalité ce que représentent l’engagement et le volontariat. Obliger est contradictoire avec s’engager.
Il existe pourtant d’autres solutions pour favoriser et développer la citoyenneté. Le parcours citoyen en plusieurs étapes, du collège aux 25 ans, encore proposé par un rapport parlementaire ce mercredi et que j’avais déjà défendu lors du précédent quinquennat, permettrait davantage de soutenir l’engagement des jeunes. Avec un circuit citoyen obligatoire via l’Ecole, puis une ou deux semaines de stage obligatoire en lieu et place de la journée défense et citoyenneté avant la majorité, et enfin une incitation au service civique après la majorité, nous allierions les atouts de la transmission citoyenne et du volontariat de l’engagement.

Le service civique a montré son utilité citoyenne et sa faculté à encourager l’engagement. L’accoler à un service obligatoire pendant au moins trois mois, ce serait l’affaiblir. Les fonds, nécessairement conséquents, que le Gouvernement souhaite consacrer à ce service obligatoire, seraient mieux investis dans le service civique et la réserve nationale créée par François Hollande. Les moyens mis à disposition permettraient d’amplifier encore la montée en charge démarrée lors du précédent quinquennat tout en augmentant les choix proposés aux jeunes pour s’engager.

Outre la négation des aspirations et des volontés de la jeunesse, le caractère obligatoire se traduirait immanquablement par une dégradation de la qualité des missions, ce qui risquerait de détourner les jeunes d’un parcours d’engagement. J’appelle le Président Macron à ne pas se laisser enfermer dans sa proposition de service obligatoire et d’entendre les acteurs associatifs, syndicaux et les parlementaires, y compris de sa majorité. Personne ne lui reprochera de préférer une meilleure solution à son engagement de campagne.

Communiqué de Patrick KANNER, Président du groupe socialiste et républicain du Sénat

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